Bunyakiri : Crise nutritionnelle imminente dans trois centres de santé après les pillages : les enfants en danger

Trois centres de santé de dans la zone de santé rurale de Bunyakiri  font actuellement face à une rupture totale d’intrants nutritionnels essentiels, mettant en péril la vie de centaines d’enfants malnutris, après la prise de la ville de Bukavu par les rebelles du M23 et le pillage des dépôts du Programme Alimentaire Mondial (PAM).

Selon les autorités sanitaires locales et plusieurs acteurs humanitaires présents sur le terrain, les centres de santé de Bitobolo, Muoma et de Chinganda sont désormais incapables de prendre en charge les cas de malnutrition aiguë sévère, faute de suppléments nutritionnels comme le Plumpy’Nut, les farines enrichies, ou encore les laits thérapeutiques.

« Les stocks étaient déjà faibles. Mais avec les pillages des dépôts du PAM, nous sommes aujourd’hui à sec. Les enfants que nous admettions il y a quelques jours ne peuvent plus recevoir les traitements adaptés », expliquent les responsables de ces structures.

La prise brutale de la ville il y a quelques mois   a entraîné le chaos, forçant plusieurs agents humanitaires à évacuer temporairement la zone. Dans la confusion, à la veille de prise de la ville de Bukavu, les inciviques ont saccagés les entrepôts contenant les intrants nutritionnels fournis par le PAM, privant des milliers de bénéficiaires d’une aide vitale.

Le risque sanitaire est désormais critique, surtout pour les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et allaitantes, principales cibles des programmes de nutrition communautaire. Faute d’intervention urgente, les professionnels de la santé craignent une hausse rapide de la mortalité infantile dans la zone.

«Sans intrants, nous sommes désarmés. Chaque jour qui passe augmente le risque de complications graves, voire de décès chez les enfants les plus fragiles », alertent les infirmiers titulaires de ces centres de santé.

Les autorités régionales ont lancé un appel pressant aux rebelles, au ministère de la Santé, ainsi qu’aux partenaires techniques et financiers, pour la mise en place de corridors humanitaires sécurisés permettant le réapprovisionnement rapide des plusieurs structures sanitaires affectés au Nord et Sud Kivu.

Le PAM, de son côté, a confirmé avoir perdu une partie importante de ses stocks dans la zone, mais travaille avec les partenaires locaux pour évaluer les dégâts et planifier une réponse rapide dès que les conditions de sécurité le permettront.

En attendant, les populations concernées restent dans l’angoisse, alors que la malnutrition saisonnière s’aggrave dans un désespoir lié à la guerre et du mauvais état de la route nationale numéro 3.

Nathalie Simbeko et Florence Zawadi.